d’Edgardo Cozarinsky, documentaire, France/Maroc, Documentaire, 1997, 1h27
Dans le Tanger des années 90, deux personnages croisent leurs chemins sans jamais se rencontrer. L’un est un petit garçon venu du sud marocain, avec le seul espoir de traverser clandestinement, comme tant d’autres, le détroit de Gilbratar pour arriver en Espagne, dans la « terre promise » de la communauté européenne… L’autre est un écrivain européen en panne d’inspiration, venu visiter, comme un musée vivant, les lieux et les personnages encore vivants d’une légende : le Tanger de la « zone internationale »…. Le film couvre tout l’espace géographique et humain de Tanger : un espion anglais à la retraite, une synagogue secrète, la vieille maquerelle des bordels de garçons, un concert de musique arabe andalouse, les tombeaux phéniciens devenus vide ordures…
« Comme chacun de ses films, Cozarinsky pratique un cinéma admirablement hybride, qui emprunte à la fois au genre documentaire le plus traditionnel dans la façon qu’il a de filmer à l’ancienne, comme s’il rassemblait des matériaux tournés par d’autres à des fins strictement archiviques, et au genre de la fiction la plus moderne en ce qu’il n’invite jamais à partager que des traces ternies, des objets personnels abandonnés dans la fuite ou dans la mort, des souvenirs lointains mais encore vifs, et au bout du compte cette grande mélancolie de qui trouve ses racines partout et nulle part. »
Jean-Claude BIETTE, cinéaste