de Robert GUÉDIGUIAN – France 2000- 2h12
avec Ariane Ascaride, Jean-Pierre Darroussin, Gérard Meylan, Julie-Marie Parmentier, Jacques Boudet, Pascale Roberts, Christine Brücher…
C’est un film sur une ville, Marseille. C’est donc un film sur le monde, le nôtre. Qui tourne de travers, qui broie les volontés, qui vendange les espoirs, qui sacrifie les idéaux. C’est donc un film sur les humains qui essaient de vivre dans cette ville-là, dans ce monde-là, qui ne savent plus comment se dépatouiller, à quelles valeurs se raccrocher, à quels sentiments se fier. Et ce film-là, âpre, noir, sans illusion mais pas tout à fait sans espoir, c’est sans mentir un des plus beaux parmi ceux que Robert Guédiguian a réalisés.
Michèle, ouvrière à la criée aux poissons, qui ne vit que pour sauver sa fille de la drogue ; Paul, qui abandonne ses camarades dockers en grève pour devenir chauffeur de taxi avec la prime de départ volontaire de l’entreprise ; ses parents, retraités, qui ne voteront plus jamais, quel gâchis ; Viviane, musicienne qui essaie d’agir et qui ne supporte plus son mari qui se contente de parler ; Abderamane, transformé par la prison, qui cherche à ouvrir les yeux de ses frères ; Claude, le mari de Michèle, chômeur aigri qui se sent abandonné par tous, sauf par les militants d’un parti d’extrême-droite ; Gérard, qui parle peu, qui tient un bar toujours désert, qui gagne pourtant de l’argent, qui n’est dupe de rien, et que sa lucidité n’aide pas à vivre ; Sarkis, un gamin venu du bout du monde qui se bat pour avoir le piano à queue dont il rêve… et quelques autres encore, vrais personnages de cinéma qui ont le poids de la réalité et l’épaisseur du romanesque…